Qualification des variétés améliorées et des peuplements sélectionnés. Variabilité du régime de reproduction et stabilité génétique des variétés forestières
/ La qualité génétique des Matériels Forestiers de Reproduction (MFR) dépend de la base génétique et des performances des Matériels de Base, des contributions gamétiques des différents génotypes parents et de l'importance de la contamination pollinique. Elle varie donc d'une année sur l'autre, en fonction des conditions de floraison et de fructification. L'étude des modèles cèdre, merisier, frêne et vergers de résineux a permis d'apporter des éléments de réponse sur l'importance de cette variabilité.
Les vergers à graines de résineux ont, dans la majorité des cas, une base génétique très large : la taille de la population efficace est, sauf exception, comprise entre 50 et 200. Les populations naturelles possèdent beaucoup plus d'arbres mais leur taille efficace est inférieure au nombre d'individus car elle dépend aussi de leur diversité génétique. En peuplements, certains individus sont apparentés, voire identiques dans le cas d'espèces capables de se reproduire végétativement. Ainsi, dans les trois peuplements de merisier étudiés, seulement 55% des individus analysés étaient génétiquement différents.
Les fécondités mâle et femelle font partie des paramètres-clés qui conditionnent la taille efficace de la population reproductrice. De fortes variations, entre individus et entre années, ont été observées et quantifiées chez le cèdre et le frêne. Elles sont liées au génotype, à l'âge physiologique et à la vigueur des arbres ainsi qu'aux conditions climatiques annuelles. Ces variations ont un impact négatif sur la taille de la population efficace. Cependant, nos observations montrent que, dans les vergers de l'Etat, la diminution du nombre de clones efficaces entre les populations parente et fille est moins importante qu'on ne l'imaginait et qu'il est possible d'y remédier en partie en stimulant artificiellement la floraison.
D'autre part, une étude canadienne indique qu'en vergers la variation clonale de fertilité mâle et femelle constitue le principal facteur explicatif du nombre de clones efficaces. En comparaison, les décalages phénologiques entre clones ont une influence mineure dans la plupart des vergers.
Dans le cas du merisier, le succès reproducteur s'explique principalement par la distance entre le parent maternel et le pollinisateur et par la durée de la période de co-floraison des clones. Dans le verger de frêne, la proximité ne semble pas avoir d'effet ; en revanche, le succès reproducteur mâle est lié à la position des pères par rapport à la mère, et vraisemblablement par rapport aux vents dominants pendant la période de floraison. Enfin, chez le merisier, le nombre de contributeurs mâles efficaces augmente avec le nombre de représentants de chaque clone dans le verger. Ce résultat suggère que le nombre de ramets doit être tel qu'on puisse installer autour de chacun un « bouquet » de pères différents.
La pollution pollinique est estimée à 6-9 % dans le verger pilote de merisier, ce qui est faible compte tenu de la petite taille du verger ainsi que du nombre et de la proximité des arbres pollueurs. En revanche, le taux de pollen immigrant dans le verger de frêne était de 84 % en 2000 ; il reste à un niveau élevé (56 %) en 2002. Il serait important de l'estimer pour la récolte la plus abondante (2004). Dans les vergers de résineux, l'augmentation de la production de pollen consécutive à la mise en ½uvre de traitements d'induction florale offre deux avantages : elle entraîne, d'une part, une dilution du flux de pollen exogène dans le verger, ce qui aboutit à une diminution de la pollution pollinique et, d'autre part, une réduction des risques d'autofécondation.
Des systèmes de certification ont été développés dans plusieurs pays étrangers pour renseigner les utilisateurs sur la qualité génétique - performances et diversité génétique - des MFR disponibles sur le marché. Ils prennent en compte la qualité du Matériel de Base et les contributions relatives des composants des vergers aux lots de graines. Après les avoir décrits, nous discutons de leur adaptation en France.
Les trois peuplements français de cèdre montrent une diversité analogue, sans effet de la sylviculture, et légèrement plus faible que dans l'aire d'origine. La divergence génétique des populations artificielles françaises par rapport aux populations naturelles pourrait déjà s'expliquer par des processus d'adaptation locale dans le nouvel environnement, notamment pour le caractère de hauteur. Les cédraies artificielles françaises présentent une meilleure capacité d'évolution future que les populations de l'aire d'origine.
D'un point de vue pratique, les résultats obtenus dans le cadre de ce projet nous ont permis de formuler des recommandations pour l'installation et la gestion de vergers à graines.
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