De la gestion des plantes aquatiques envahissantes : intervenir pour quoi, pour qui, avec quelles modalités ? Ou comment agir malgré la variabilité des situations et des enjeux : application à la gestion des jussies
/ La colonisation de nombreux milieux aquatiques par des plantes exotiques envahissantes crée des situations où les fonctions et les usages de ces milieux sont remis en question et obligent les gestionnaires concernés à mettre en place des interventions de régulation de ces développements végétaux. Biodiversité, rôles hydrologiques et hydrauliques, alimentation en eau pour les habitants et l'agriculture, pêche et chasses, activités de loisirs très diverses, etc., peuvent en effet être fortement gênés et l'appréciation de ces nuisances débouche alors sur des interventions.
La confrontation entre des besoins de satisfactions de ces fonctions et usages et les risques inhérents à ces interventions sont une des difficultés importantes de cette gestion. D'une part, les données sur la biologie et l'écologie des plantes concernées sont actuellement insuffisantes pour apporter des certitudes scientifiques quant aux résultats des interventions programmées ; par ailleurs, les connaissances sur le fonctionnement de ces écosystèmes sont également très imparfaites, ce qui ne peut permettre d'évaluer précisément les risques indirects de ces interventions sur les parties non visées des milieux aquatiques. D'autre part, les mises en ½uvre techniques rencontrent des difficultés concrètes très variables selon les milieux, créant de fait des écarts plus ou moins importants entre les prévisions et le déroulements des travaux. Enfin, les représentations que développent les différents intervenants (groupes d'usagers, gestionnaires, techniciens, scientifiques, etc.) sur ces situations et les moyens de résoudre les difficultés liées aux plantes envahissantes sont suffisamment éloignées les unes des autres pour créer et maintenir des désaccords notables cumulant de fait des approximations humaines aux difficultés déjà mentionnées, ce qui rend d'autant plus aléatoire la mise en ½uvre durable de cette gestion. On constate notamment deux approches du problème : une approche qui s'inscrit dans un «principe de précaution » lié aux risques que peuvent présenter les techniques, et qui privilégie une approche intégrant un certain nombre de paramètres et de pratiques : évaluation des faits, étude d'impact et dont les éléments écologiques représentent un facteur important, dans un cadre proche du développement durable. Un second type d'approche se caractérise par une approche beaucoup plus pragmatique et restreinte du problème, et où la volonté et la rapidité d'action l'emportent sur celui de l'évaluation préalable du problème et la définition d'objectifs. Ces deux approches se distinguent aussi par la plus ou moins grande inscription dans le processus de prise en compte de l'environnement dans l'évaluation des problèmes et des solutions préconisées, ce que C. Mougenot appelle l"écologisation". Utilisant divers exemples concrets rencontrés en métropole depuis une vingtaine d'années, concernant plusieurs plantes aquatiques envahissantes, l'approche exposée ici présente une analyse des caractéristiques scientifiques, techniques et humaines de ces exemples pouvant expliquer les résultats obtenus à moyen et long terme et propose une démarche pouvant améliorer le règlement de ces situations.
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