Mesures Naturelles de Rétention d’Eau
Infrastructures grises versus infrastructures vertes
Les infrastructures vertes « s’opposent » aux infrastructures « grises » dans le sens où un réseau d’écosystèmes sains peut fournir des alternatives efficaces, moins onéreuses et plus durables que des infrastructures « en béton ». L'infrastructure verte présente aussi de nombreux avantages par rapport à l'infrastructure grise qui, elle, ne cible qu'un seul objectif.
Les bénéfices des infrastructures vertes sont multiples. Il s’agit entre autres de l’amélioration de la qualité de vie, de l’amélioration de la biodiversité, de l’adaptation au changement climatique, ou encore, de la promotion d’une approche intégrée dans l’aménagement et le développement du territoire.
La promotion et l’intégration des infrastructures vertes dans la gestion de l’eau et des bassins versants peuvent permettre d’améliorer la préservation de l’eau et sa qualité. Elles peuvent aussi réduire les impacts des sécheresses et des inondations. Les Natural Water Retention Measures (NWRM) [Mesures Naturelles de Rétention d’Eau (MNRE)] sont des exemples d’infrastructures vertes et bleues pour la gestion de l’eau.
D’après le document de politique européen “EU policy document on Natural Water Retention Measures”, les MNRE sont des « mesures multifonctionnelles qui visent à protéger les ressources en eau et à permettre de relever les défis liés à l’eau, en restaurant ou en maintenant les écosystèmes, ainsi que les entités naturelles et caractéristiques des masses d’eau à l’aide de moyens et processus naturels ». Il s’agit donc de l’application de l’ingénierie écologique à la gestion de l’eau. L’application des MNRE supporte « l’infrastructure verte », les MNRE conduisent donc à développer cette infrastructure. Les MNRE ont pour objectif « d’améliorer et/ou de restaurer les capacités de rétention des aquifères, des sols et des écosystèmes aquatiques. Ces améliorations offrent de multiples bénéfices et services à la société, tout en contribuant activement à la réalisation d’un certain nombre d’objectifs de politiques et stratégies pour l’environnement ».
Les Mesures Naturelles de Rétention d’Eau : une approche fondée sur les mécanismes naturels
Depuis quelques années, la Commission Européenne mène différents travaux pour dresser un agenda politique de l'UE en matière de recherche et d'innovation pour des solutions basées sur la nature et la renaturation des villes. Les solutions basées sur la nature sont des actions qui s'inspirent de la nature, s'en servent ou la copient pour répondre de manière durable à des défis environnementaux, sociaux et économiques. L’approche européenne est très centrée sur les services écosystémiques compris comme les bénéfices que les hommes tirent des écosystèmes (source : OIEau / Onema – 2017 ; Mise en valeur des expériences de génie écologique)
Pouvant aller d’une simple protection avec intervention humaine minimale jusqu’à des actions fortes de pilotage de l’écosystème, le concept est large. Il a été précisé par un réseau européen appelé BiodivERsA qui a proposé une typologie selon deux gradients :
- "quelle quantité d’ingénierie de la biodiversité et des écosystèmes est impliquée dans la Solution Basée sur la Nature (SBN) ?",
- "combien de services écosystémiques et de groupes d’intervenants sont ciblés par une SBN ?".
Cette typologie, en montrant qu’il existe un niveau croissant d’intervention humaine, a permis de définir trois groupes de NBS (type 1 à 3).
Type 1 : Les NBS de type 1 correspondent à des solutions où l’intervention humaine est très réduite et qui essayent de préserver la nature intacte (délimitation d’aires naturelles protégées, etc.), dans le but de maintenir ou d’améliorer les services rendus par les écosystèmes, à l’intérieur et à l’extérieur de la zone concernée.
Type 2 : Les NBS de type 2 correspondent à des stratégies de gestion durable des écosystèmes ayant pour objectif d’augmenter l’étendue des services rendus par les écosystèmes et leur multifonctionnalité. Il s’agit par exemple de stratégies innovantes de gestion des aires agricoles pour augmenter leur multifonctionnalité.
Type 3 : Les NBS de type 3 sont des solutions où l’intervention humaine est forte, dans l’objectif de restaurer des écosystèmes dégradés ou de créer de nouveaux écosystèmes. Les NBS de ce type se rapprochent du concept d’infrastructures vertes et bleues, décrit ci-après.
D’après l’Union Européenne, elles peuvent permettre d’atteindre les objectifs suivants : l’optimisation de l’urbanisation durable, la réhabilitation des écosystèmes dégradés, l’atténuation et l’adaptation au changement climatique et l’amélioration de la gestion des risques et la résilience.
L’Union Européenne définie les Mesures Naturelles de Rétention d’Eau (MNRE - Natural Water Retention Measures - NWRM) comme des mesures multifonctionnelles qui visent à protéger et à gérer les ressources en eau et à relever les défis liés à l'eau en restaurant ou en maintenant les écosystèmes ainsi que les caractéristiques et propriétés naturelles des masses d'eau par des moyens et processus naturels. Leur principal objectif est d'améliorer et de préserver la capacité de rétention d'eau des aquifères, des sols et des écosystèmes en vue d'améliorer leur état. Les NWRM peuvent offrir de multiples avantages, notamment la réduction des risques d'inondation et de sécheresse, l'amélioration de la qualité de l'eau, l'alimentation des eaux souterraines et l'amélioration de l'habitat. L'application des MNRE :
- soutient les infrastructures vertes,
- améliore ou préserve l'état quantitatif des eaux de surface et des eaux souterraines,
- peut avoir une incidence positive sur l'état chimique et écologique des masses d'eau en restaurant ou en améliorant le fonctionnement naturel des écosystèmes et des services écosystémiques qu'ils fournissent.
Les écosystèmes préservés ou restaurés peuvent contribuer à la fois à l'adaptation au changement climatique et à son atténuation (D’après le site de l’UE sur les MNRE – en anglais).
Les techniques classiques de collecte, d’évacuation immédiate et de traitement des eaux pluviales par des usines de traitement sont de pures infrastructures grises classiques (bâties).
Les techniques alternatives tels que les réservoirs enterrés, les réseaux qui drainent les eaux pluviales vers ces réservoirs, ou encore les enrobés drainant et chaussées et parkings à structure réservoir restent aussi des infrastructures grises.
D’autres solutions alternatives telles que les toitures végétalisées, les noues, les réservoirs à l’air libres sont considérées, elle, comme des infrastructures vertes.
Fonctions et avantages des MNRE
L’Agence Européenne pour l’Environnement souligne que « l'infrastructure verte peut par exemple être utilisée pour réduire le débit des eaux de ruissellement qui s'écoulent dans les réseaux d'égouts et, au final, dans les lacs et cours d'eau, grâce aux capacités naturelles d'absorption et de rétention de la végétation et des sols. Dans un tel cas de figure, l'infrastructure verte pourrait offrir d'autres avantages, tels que l'augmentation de la séquestration du carbone, l'amélioration de la qualité de l'air, l'atténuation de l'effet d'îlot thermique urbain, l'agrandissement de l'espace réservé aux habitats des espèces naturelles et aux loisirs. Les espaces verts contribuent également au paysage historique et culturel en conférant une identité aux lieux, ainsi qu'aux zones urbaines et péri-urbaines où les gens vivent et travaillent. » (Source : Infrastructure verte: mieux vivre grâce à des solutions fondées sur la nature)
Comme pour les « techniques alternatives » l’un des gros bénéfices des infrastructures vertes est de réduire les transferts de polluants liés au ruissellement et donc la quantité de polluant à traiter. Ainsi « Si les externalités évitées impliquées par les bénéfices directs et accessoires, ou les externalités positives autres que le stockage de l'eau étaient envisagées, tous les coûts nets des MNRE seraient alors abaissés. » ( source : Guide pratique pour la sélection, la conception et la mise en œuvre des Mesures Naturelles de Rétention d’Eau en Europe)
Par ailleurs comme le précise l’Agence Européenne pour l’Environnement « l'infrastructure verte peut offrir de multiples fonctions et avantages sur le même territoire. Ces fonctions peuvent être environnementales, comme la protection de la biodiversité ou l'adaptation au changement climatique; sociales, comme la planification des systèmes d'évacuation des eaux ou des espaces verts et économiques, comme la création d'emplois et l'augmentation des prix de l'immobilier. Contrairement à l'infrastructure grise, foncièrement limitée à des fonctions uniques, telles que le drainage ou le transport, l'infrastructure verte se distingue par son potentiel à répondre simultanément à plusieurs problèmes. L'infrastructure grise classique demeure nécessaire, mais peut souvent être renforcée par des solutions naturelles ». (Source : Infrastructure verte: mieux vivre grâce à des solutions fondées sur la nature)
- Les fiches du guide des services :
- Les eaux pluviales : principes généraux
- La maîtrise des eaux pluviales
- Les communes et la gestion des eaux pluviales
- Les retours d’expérience sur les techniques alternatives de gestion des eaux pluviales :
- Sur le web
- The European NWRM platform (en anglais)
- Catalogue des MNRE (accès par secteur : agriculture, forêt, hydro-morphologie, zones urbaines)
- Retours d’expériences sur les NWRM en Europe
- Infrastructure verte: mieux vivre grâce à des solutions fondées sur la nature, Agence européenne de l'environnement, publié le 2 décembre 2015
- Guide pratique pour la sélection, la conception et la mise en œuvre des Mesures Naturelles de Rétention d’Eau en Europe, Commission européenne,2014
- Choisir, concevoir et mettre enœuvre des Mesures Naturelles de Rétention d’Eau en Europe : Identifier les multiples bénéfices des solutions basées sur la nature, Commission européenne
- The European NWRM platform (en anglais)