Qualification zoo-sanitaire du naissain de captage 2013 de l'huître creuse Crassostrea gigas (QUALIF) - Détection précoce des maladies en épreuve thermique de laboratoire

Depuis 2008, des mortalités massives d’huîtres creuses âgées de moins d’un an sont relevées sur le littoral français dès que la température de l’eau de mer atteint le seuil de 16°C. Ces mortalités de naissains sont associées à la détection du virus OsHV-1 μVar. Des travaux de qualification zoo-sanitaire menés depuis 2010 ont montré qu’un lot de naissains issus du captage naturel sur deux était infecté par le virus bien avant l’apparition des mortalités dans le milieu naturel, mais qu’a contrario les naissains d’écloserie expertisés présentaient un moindre risque de contamination. Dans le contexte de crise sanitaire chronique, l’objectif de notre étude était d’ obtenir une information qualitative relative au statut zoo-sanitaire OsHV -1 μ V ar des populations de naissains du captage national 2013. Les résultats de ce travail devraient permettre d’identifier précocement les zones de captage associées à un risque sanitaire par OsHV-1 μVar. La méthodologie de l’épreuve de qualification zoo-sanitaire correspond en une période de 1 mois d’isolement des naissains à expertiser en conditions contrôlées de laboratoire. Lors de l’épreuve la température de l’eau de mer est maintenue constante à 21°C et la mortalité est relevée tous les 5 jours. La survie finale associée à des analyses qPCR permettent de qualifier le statut sanitaire en terme de portage OsHV-1 μVar de l’échantillon (statut infecté ou non infecté). Entre février et mars 2014, 21 échantillons de naissains âgés de 5 à 7 mois ont été récoltés dans six écosystèmes du littoral français (étang de Thau, bassin d’Arcachon, pertuis Charentais, baie de Bourgneuf, baie de Vilaine et rade de Brest) pour être qualifiés en épreuve thermique de laboratoire (ETL) dans l’outil expérimental Ifremer d’Argenton. Les résultats de la campagne 2014 de qualification zoo-sanitaire confirment qu’en période hivernale dans le milieu naturel des naissains de captage peuvent être infectés par OsHV-1 μVar, sans développement apparent de maladies, ni mortalité. En revanche en ETL, ces lots de naissains infectés par OsHV-1 μVar vont exprimer les maladies associées à une mortalité massive. Ainsi, sur les 20 échantillons de naissains de captage expertisés, 11 ont révélé des maladies en ETL avec des mortalités cumulées variant de 16 % à 80 %. Ce ratio d’un échantillon sur deux de naissains infectés par OsHV-1 μVar demeure proche de celui relevé entre 2010 et 2013 lors des travaux de définition de l’ETL. La répartition spatiale des échantillons de naissains infectés entre les six écosystèmes étudiés est contrastée. En effet, les résultats se sont révélés favorables pour l’étang de Thau et la baie de Bourgneuf et défavorables dans le cas de la rade de Brest et la Baie de Vilaine. Pour ces deux derniers environnements, tous les échantillons de naissains testés ont exprimé de fortes mortalités pendant l’ETL. Le contraste s’observe également à l’échelle de l’écosystème, notamment à Marennes Oléron avec 1 échantillon sur 3 contaminé par OsHV-1 μVar ou dans le bassin d’Arcachon avec 3 échantillons sur 5 infectés. Dans le préoccupant contexte épizootique actuel, nos résultats confirment que certains lots de naissains de captage sont infectés par OsHV-1 μVar et seront des acteurs actifs dans le déclenchement annuel du processus infectieux en milieu naturel. Par ailleurs, la campagne de qualification démontre qu’il est possible chaque année d’obtenir un classement sanitaire précoce des zones de captage d’intérêt pour la filière en fonction du risque potentiel généré par les naissains infectés par OsHV-1 μVar.