World Water Week : Premier Bilan
Alors que s'achève aujourd'hui la "World Water Week" à Stockholm, évènement annuel organisé depuis 1991 par le Stockholm International Water Institute (SIWI), l'heure est aux premiers bilans.
La thématique abordée cette année concernait l'eau face aux enjeux de l'urbanisation planétaire. Que retenir de cette "World Water Week" ? Ce sont essentiellement les rapports publiés par le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) à l'occasion de cet évènement qui ont marqué cette semaine. En voici un bref résumé, basé sur les trois grands axes soulevés par le programme des Nations Unies:
1) Les investissements verts dans le secteur de l'eau pourraient avoir des répercussions très importantes sur la santé, la sécurité alimentaire et la croissance économique
Investir 0,16 % du PIB mondial dans le secteur de l'eau permettrait de limiter la pénurie d'eau et de réduire de moitié en moins de quatre ans le nombre de personnes privées d'un accès durable à l'eau potable et à un réseau d'assainissement élémentaire, selon une étude des Nations unies publiée ce jour.
Actuellement, l'insuffisance des investissements dans les services d'approvisionnement en eau et le manque d'efficacité de la collecte et du traitement des eaux usées et de leur réutilisation exacerbe la pénurie dans de nombreuses régions du monde et contribue à une situation où la demande mondiale en eau pourrait dépasser l'offre d'ici 20 ans.
Dans le chapitre sur l'eau du rapport remarqué sur l'économie verte, publié lors de la Semaine mondiale de l'eau à Stockholm, PNUE a montré que l'investissement dans l'assainissement et l'eau potable, le renforcement des systèmes locaux d'approvisionnement en eau, la préservation des écosystèmes essentiels à l'approvisionnement et l'élaboration de politiques plus performantes permettaient d'éviter les coûts sociaux et économiques élevés résultant d'un approvisionnement en eau inapproprié.
Les recommandations de ce rapport sont les suivantes :
- Adopter une approche holistique et une perspective à long terme - Tenir compte du contexte afin d'identifier les meilleurs usages pour l'eau disponible. Il n'existe pas de solution unique. Appliquer une approche basée sur le cycle de vie, considérer les interrelations avec les autres besoins en ressources et prendre en compte l'ensemble du bassin versant.
- Baser les décisions sur les évaluations d'impact afin de garantir une gestion durable de l'eau - Analyser les systèmes bioénergétiques d'un point de vue socio-écologique global. Promouvoir une utilisation durable des sols et de l'eau.
- Concevoir et mettre en œuvre des instruments politiques efficaces dans le domaine de l'eau - Ceux-ci doivent couvrir la production de matières premières et la transformation énergétique et surveiller la concurrence entre les différents usages de l'eau.
- Promouvoir le développement technologique - Les nouvelles technologies peuvent contribuer à réduire la pression sur les ressources en eau mais une vérification poussée s'impose avant leur utilisation généralisée.
- Poursuivre les recherches, combler le manque de données et développer des instruments à l'échelle régionale - Soutenir la coopération internationale en matière de recherche sur l'impact des bioénergies sur les ressources en eau ; traiter les nouvelles questions encore largement inexplorées telles que le potentiel et les risques des microalgues dans les zones côtières, des microalgues cultivées sur terre et des organismes génétiquement modifiés ; mettre en place un suivi régulier pour combler l'insuffisance de données et vérifier le respect des réglementations et de la production durable ; l'évaluation de l'impact du cycle de vie et l'empreinte hydrique ne sont pertinentes que s'il existe des outils régionaux permettant d'évaluer les impacts localisés.
Comme l'avait déjà souligné le PNUE, une filière bioénergie bien planifiée est un élément clé de l'économie verte (cf. plus bas).
Le Rapport sur l'économie verte expose les stratégies d'investissement visant à réduire la pénurie d'eau. Téléchargez le chapitre Eau mis à jour le 25 Août 2011.
En savoir plus sur l'économie verte.
2) Améliorer la sécurité alimentaire en investissant dans des écosystèmes sains
L'investissement dans des écosystèmes sains peut améliorer la sécurité alimentaire, la résilience aux changements climatiques et offrir des avantages économiques à des communautés pauvres, selon un rapport publié lundi le 22 Août 2011 par PNUE et l'Institut international de gestion des ressources en eau en partenariat avec 19 autres organisations.
Le rapport, intitulé « Une approche des écosystèmes concernant l'eau et la sécurité alimentaire », encourage la gestion et les investissements dans les liens entre les écosystèmes, l'eau et la nourriture, suggérant notamment de diversifier les cultures, de planter des arbres sur des terres arables et de rendre plus efficace la collecte d'eau de pluie.
« Cela pourrait empêcher la pénurie d'eau et aider à satisfaire la demande accrue de nourriture par une population mondiale qui devrait atteindre 9 milliards d'individus en 2050 », souligne le rapport.
Parmi les plus grands défis pour encourager la croissance de la production alimentaire, il y a la disponibilité de l'eau qui est nécessaire pour l'élevage de bétail, l'irrigation des cultures et d'autres formes de production agricole. Le niveau des nappes phréatiques baisse rapidement dans plusieurs régions à forte production comme les plaines du nord de la Chine, le Pendjab en Inde ou encore l'ouest des Etats-Unis.
« La sauvegarde d'écosystèmes sains et résilients pour assurer la disponibilité de l'eau pour l'agriculture est donc essentielle pour la sécurité alimentaire à long terme », souligne le rapport .
3) La production et l’utilisation des bioénergies ont des conséquences environnementales et socio-économiques positives et négatives, dont des impacts sur l’eau, ressource déjà rare à de nombreux endroits de la planète
La croissance et l’intensification de la production bioénergétique risquent de renforcer la demande actuelle en eau. Il est donc nécessaire de gérer les ressources en eau – et d’adopter les politiques et les stratégies pertinentes – afin de garantir leur durabilité et de trouver un équilibre entre les différents types d’usage à court et à long terme. Les messages clés énoncés par le rapport sont :
- Les besoins en eau de la production bioénergétique doivent être évalués à différents niveaux.
- La prise de décision doit se baser sur des évaluations d’impact.
- Les problèmes liés à la qualité de l’eau doivent être résolus : sources ponctuelles et effets cumulatifs.
- Les instruments politiques sont nécessaires pour traiter les effets de la production bioénergétique sur l’eau.
- Le recours aux systèmes de certification volontaire est un moyen d’aborder les problèmes liés à l’eau au niveau des projets.
- La certification est un outil permettant aux décideurs de répondre aux questions environnementales et sociales au niveau des projets.
Les recommandations de ce rapport sont les suivantes :
- Adopter une approche globale et une perspective à long terme et coopérer au niveau du bassin versant
- Baser les décisions sur les évaluations d’impact afin de garantir une gestion durable de l’eau
- Concevoir et mettre en œuvre des instruments politiques efficaces dans le domaine de l’eau
- Créer/soutenir les institutions et les processus appropriés, à savoir :
- Diffuser les meilleures pratiques en assurant, par exemple :
- Promouvoir le développement technologique
- Intensifier le dialogue sur le sujet et le renforcement des capacités
- Poursuivre les recherches, combler les manques de données et développer des instruments à l’échelle régionale
Téléchargez le rapport de Juillet 2010 intitulé "Les Liens entre la Bioénergie et l'Eau"
Pour en savoir plus sur le bilan complet de la "World Water Week", rendez-vous sur le site http://www.worldwaterweek.org/