L’érosion de la biodiversité : focus sur les écosystèmes aquatiques
Des enjeux vitaux
L’érosion de la biodiversité est l’un des problèmes environnementaux des plus importants pour la nature et les êtres humains.
Comme le souligne le site internet du Ministère chargé de l’environnement, « la biodiversité offre des biens irremplaçables et indispensables à notre quotidien : l’oxygène, la nourriture, les médicaments et de nombreuses matières premières. »
Publication de l’édition 2018 des chiffres clés de la biodiversité
Le Commissariat général au développement durable (CGDD) vient de publier (décembre 2018) l’édition 2018 des chiffres clés de la biodiversité. Le document est édité par le Service de la donnée et des études statistiques (SDES) en partenariat avec l’Agence française pour la biodiversité (AFB) dans le cadre de l’Observatoire national de la biodiversité (ONB).
Le rapport souligne que « la France figure parmi les dix pays hébergeant le plus grand nombre d’espèces menacées au niveau mondial, principalement en raison des pressions exercées par les activités humaines ».
Le rapport dresse un constat préoccupant pour les différents écosystèmes. Dans le cadre de notre article, nous allons faire un focus sur le rapport en ce qui concerne l’état de la biodiversité au niveau des écosystèmes aquatiques (eau douce).
État écologique des eaux de surface
Une minorité, 44,2 %, des eaux de surface est considérée en 2015 comme étant en bon ou en très bon état.
Répartition des eaux de surface selon leur état écologique au regard des objectifs de la Directive Cadre sur l’Eau (édition 2018 des chiffres clés de la biodiversité - CGDD)
La dégradation de l’état des cours d’eau est importante : 39,4 % présentent un état écologique moyen et 16 % présentent un état médiocre ou mauvais.
La pression exercée sur les milieux aquatiques reste forte (pollution, eutrophisation, fragmentation,…). Il existe aussi de nombreux cas d’exploitation excessive de la ressource en eau. Ces pressions sont susceptibles d’impacter de manière significative la biodiversité aquatique :
- retard de croissance,
- impact :
- sur la reproduction
- sur la migration
- sur l’aire de distribution des espèces…
La progression de la proportion des eaux superficielles en bon et très bon état est restée limitée à + 0,8 point entre 2010 et 2015. Néanmoins, cela reflète les efforts réalisés par l’État et les collectivités pour améliorer leur fonctionnalité écologique.
Les produits phytosanitaires
La vente de produits phytosanitaires a augmenté de 12 % en 2014-2016 par rapport à la période de référence 2009-2011.
Évolution du nombre de doses unités de produits phytosanitaires à usage agricole (En indice base 100 en 2009-2011) (édition 2018 des chiffres clés de la biodiversité - CGDD)
Le rapport du CGDD rappelle que « l’usage généralisé de ces produits exerce une forte pression sur la biodiversité : intoxication des organismes, effets sur leur reproduction ou leur comportement, réduction de l’offre de nourriture… ».
Par ailleurs, ils sont sources de pollution des nappes d’eaux souterraines.
Seule une mutation profonde des modes de production agricole et des filières permettra d’inverser cette tendance.
Pollution physico-chimique des cours d’eau en métropole
La bonne qualité physico-chimique des cours d’eau participe à la préservation de la biodiversité aquatique.
Globalement, la pollution des cours d’eau par les nitrates et les orthophosphates a diminué respectivement de 11 % et 50 % entre 1998 et 2016.
Fragmentation des cours d’eau
Il y avait 16 obstacles à l’écoulement pour 100 km de cours d’eau en 2018. Ce chiffre fait référence à une estimation de 120 000 obstacles majeurs. 97 228 des obstacles ont été inventoriés dans le Référentiel des obstacles à l’écoulement (ROE), géré par l’Agence française pour la biodiversité. Seule la moitié des ouvrages répertoriés est encore utilisée.
La construction de seuils et de barrages dans les rivières a permis :
- de produire de l’énergie ;
- de rendre navigables certains de leurs tronçons ;
- de développer des activités touristiques ;
- d’effectuer des prélèvements d’eau pour la consommation ou l’irrigation.
Cependant, ces ouvrages entravent la continuité écologique des cours d’eau en modifiant leurs caractéristiques hydrologiques, physico-chimiques et morphologiques. La présence de ces obstacles a également des répercussions sur le milieu naturel, la faune et la flore :
- eutrophisation
- diminution de la teneur en oxygène
- frein à la mobilité des espèces migratrices…
Notons qu’une autre source, le site cartograph.eaufrance.fr, consulté le 16 janvier 2019, donne le chiffre de 24,31 obstacles à l’écoulement pour 100 km de cours d’eau.
Données clés sur la biodiversité en général
Données clés (édition 2018 des chiffres clés de la biodiversité - CGDD)