Gestion des projets

Avant de démarrer la distribution d’eau

 

 

 

 

Comment et quand mettre en place un système de gestion ?

 

Le système de gestion des ouvrages doit être mis en place le plus tôt possible et la réflexion à ce sujet doit démarrer dès la phase de conception du projet, afin que les futurs utilisateurs décident les investissements en toute connaissance des contraintes d’exploitation. Les phases de montage et d’exécution du projet sont d’ailleurs d’excellentes occasions pour créer un comité de points d’eau et lui permettre de se renforcer graduellement, en traitant les problèmes du chantier au jour le jour (choix d’un bureau d’études, d’une entreprise, négociation d’un devis, contrôle des travaux, relations avec l’administration, etc.).

Selon le type d'ouvrage qui doit être réalisé, les problèmes de gestion seront plus ou moins complexes. Par exemple, l'exploitation d'un puits villageois ne demande pas du tout la même organisation que celle d'une pompe manuelle ou celle d’une adduction avec une station de pompage motorisée.

Dans le cas d’un puits villageois, il est inutile de constituer un comité de gestion permanent, car une telle structure se dissoudra rapidement, faute d'activités et de responsabilités qui la maintiennent en vie.

Dans le cas d’une pompe manuelle, le système de gestion repose sur un " triangle d’or " qui est maintenant bien connu :

  • un comité de gestion représentatif des usagers et capable de mobiliser l’épargne du village en cas de panne ;
  • un réparateur régional bien outillé et pour qui la réparation des pompes manuelles représente une activité importante (ce qui signifie qu’il doit assurer la maintenance d’au moins 15 à 20 pompes) ;
  • un commerçant de la région qui accepte de gérer un petit stock de pièces détachées et de maintenir des contacts de bonne qualité avec l’importateur de ces pièces.

 

 

 

Dans le cas d’une adduction, une structure d'exploitation performante est indispensable, qui mobilise souvent deux opérateurs : un exploitant (qui se charge de l’entretien de la station et du réseau), et une association représentative des usagers (qui contrôle le travail de l’exploitant et qui peut aussi recueillir l’argent nécessaire pour financer l’exploitation). Il faudra donc, avant toute mise en marche de la station de pompage, organiser en détail le système de gestion et bien définir particulièrement :

  • les fonctions que devra assurer le ou les futur (s) exploitant (s) ;
  • les charges de travail que cela représente ;
  • les profils de poste des éventuels agents salariés du comité ;
  • ce qui relèvera du bénévolat et du travail salarié (il faut prendre garde aux systèmes de gestion qui reposent uniquement sur le bénévolat, y compris pour assurer des tâches de gestion parfois fastidieuses ou peu valorisantes comme la récolte de l'argent ; l'expérience prouve que dans ce cas, les " bénévoles " ont tendance à essayer de trouver une compensation quelconque qui n'est pas toujours profitable à la communauté) ;
  • est-il prévu d'installer des branchements particuliers ?
  • seront-ils équipés de compteurs ?
  • comment sera organisée la facturation ?
  • comment seront réglés les problèmes d'impayés ? (particulièrement délicats avec les notables et les administrations) ;
  • comment sera assurée la gestion de trésorerie (caisse villageoise, compte courant, à terme, etc.) ?
  • un système d'affermage ou de délégation de gestion est-il prévu ? Comment a été identifié le futur exploitant ou comment sera-t-il recherché ? (prévoir de joindre le projet de contrat d'affermage au document de projet).

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Comment seront financées les charges récurrentes ?

 

Il n'existe malheureusement aucun ouvrage humain qui dure éternellement et qui n'entraîne pas de charges récurrentes si on veut le maintenir en état de marche. Il en est de même pour les points d’eau, y compris les systèmes de pompage " solaire " dont la maintenance commence à coûter cher au bout de quelques années (renouvellement des onduleurs et des pompes, puis des panneaux solaires). Le service de l'eau est donc nécessairement payant, car il faut récolter des fonds pour financer les charges récurrentes.

Les concepteurs d'un projet devront donc mettre au point un système performant de recouvrement des coûts, qui permette, au minimum, d'assurer le financement des charges d'entretien et de réparation (le problème du renouvellement sera abordé séparément page suivante). Le document de projet devrait donc décrire :

  • comment est prévu le paiement du service de l'eau ? Par une vente, par abonnement ou à la bassine ?
  • en cas de vente à la bassine, est-il prévu d'employer des fontainiers salariés ou des revendeurs d'eau indépendants ?
  • en cas de subvention extérieure (par les migrants par exemple), comment sera organisé le système de subvention (quelles charges seront ainsi couvertes et quelle garantie aura-t-on que cette subvention soit durable) ?
  • les tarifs de vente ont-ils déjà été négociés ? Si non, pourquoi ? Il est indispensable de réaliser régulièrement une analyse du coût de revient de l'eau, et de ses variations selon le niveau de production. Avant le projet, on pourra se baser sur l'analyse des comptes d'exploitation de systèmes semblables fonctionnant déjà dans la région.

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Comment sera financé le renouvellement des équipements ?

Nous ne parlerons pas ici du renouvellement des grosses infrastructures de génie civil (forages, réservoirs, etc.). Dans la plupart des pays africains, l’Etat s’est engagé à assurer ce renouvellement et, même si les moyens financiers qu’il compte mobiliser ne sont pas toujours évidents, cette incertitude porte sur une échéance trop lointaine (30 à 40 ans) pour être prise en compte par une communauté villageoise.

Le véritable problème qui se pose à cette communauté est celui du renouvellement du matériel de pompage. Il existe de nombreux exemples de systèmes de distribution d'eau qui ont fonctionné assez bien jusqu'au jour où il a fallu remplacer la pompe manuelle ou motorisée. On peut même dire que le remplacement d'une pompe est le véritable test de la fiabilité d'un comité de gestion.

Les charges de renouvellement d’une pompe ne sont pas plus fortes que les charges d'entretien (pour une petite adduction, elles représentent de l'ordre de 1 à 2 FF par mètre cube produit). Mais ces charges ne doivent être couvertes qu'à une échéance lointaine (tous les 5 ou 10 ans) et c'est leur caractère exceptionnel qui rend leur financement difficile.

De nombreux systèmes de provisions pour renouvellement ou de caisse d'amortissement ont été essayés, pour des résultats souvent décevants. L'expérience montre que les villages rechignent à constituer une épargne collective et à la confier pour plusieurs années à une banque, dans des pays où le taux de l'inflation est plus fort que les taux d'intérêt et où les faillites bancaires ne sont pas exceptionnelles. Il faut donc imaginer des systèmes associant l'épargne, le recours au crédit et la mobilisation immédiate de l'épargne des familles (après la récolte par exemple).

Ces systèmes d'épargne collective devraient être décrits dans le document de projet, pour démontrer que les promoteurs du projet se sont penchés sur la question. Mais cela ne suffit pas.

Le véritable test de la capacité d'une communauté locale à mobiliser son épargne pour remplacer une pompe dans 5 à 10 ans, c'est le fait que cette communauté se mobilise aujourd'hui pour acquérir la première pompe (qui représente en général de 5 à 20 % du total des investissements dans le système d’approvisionnement en eau). Si la communauté ne peut réunir les fonds nécessaires, les initiateurs du projet doivent considérer que la même chose sera pratiquement impossible dans quelques années.

 

 

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