Gestion des projets

Avant de monter le projet

 

 

 

Qui est le porteur du projet ?

 

Existe-t-il une forte demande locale, ou bien le projet est-il avant tout lancé sur l’initiative de partenaires du Nord ou d’individus isolés ? Cette question peut sembler indiscrète, et pourtant elle recoupe une certaine réalité. Il existe des projets dont le principal promoteur n'est pas la population (et surtout des femmes, qui assurent la charge principale de l'approvisionnement en eau de la famille). Ce promoteur peut être un notable originaire du village mais qui est bien éloigné des préoccupations quotidiennes des utilisateurs de l'eau. Ce peut même être un étranger qui a simplement été choqué par les conditions de vie assez dures au village.

Pour analyser cet aspect du projet, il est toujours intéressant d'essayer de retracer l'itinéraire de maturation de la demande, en essayant de mettre en évidence les " porteurs " du projet, c'est-à-dire les individus ou les institutions qui ont lancé l'idée, qui ont pris les premiers contacts, etc. Il est en effet très important de bien définir la représentativité des divers interlocuteurs et de déterminer :

  • s'ils sont bien ceux qui doivent prendre une décision en matière de service public de l'eau (ou si cette décision relève de la commune ou de l'Etat) ;

  • s'ils sont représentatifs de l'ensemble de la population du village ou bien seulement d'un quartier du village, voire d'un groupe de familles ou d'une catégorie socio-économique (éleveurs, marchands, fonctionnaires,...) ;

  • si leurs préoccupations personnelles correspondent effectivement à l'un des enjeux prioritaires du développement du village ou du quartier.

 

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Quels sont les besoins prioritaires auxquels devraient répondre les futurs ouvrages ?

 

Un ouvrage hydraulique peut fournir de l'eau à usage domestique (boisson, lessive, hygiène corporelle), pour le bétail ou pour l'agriculture (maraîchage, riziculture et autres cultures vivrières). Il importe d'analyser très soigneusement à quoi doivent servir les futurs aménagements, car on ne construit pas de la même manière les points d'eau selon leur futur usage. Exemple :

  • un point d'eau domestique est généralement mieux apprécié s'il se trouve près du centre du village, alors qu'un point d'eau pastoral devrait se situer en dehors du village pour des raisons d'hygiène et de commodité ;
  • un mètre cube d'eau de boisson peut être vendu de 2 à 5 francs français (soit 5 à 10 F CFA la bassine), alors qu’un riziculteur a besoin d’une eau bon marché (moins de 10 centimes le mètre cube) ;
  • l'eau destinée à la boisson doit être de bonne qualité bactériologique, alors que cela n'a pas d'importance pour l'irrigation ;
  • un point d'eau potable doit fournir un petit peu d'eau tous les jours (2 à 10 mètres cubes en général), alors qu'un point d'eau pastoral doit fournir un gros débit (jusque 100 mètres cubes par jour), mais seulement quelques mois par an.

Un ouvrage hydraulique ne peut donc pas couvrir simultanément tous les besoins en eau. Dans ce domaine, le " mieux est parfois l'ennemi du bien " et il est souvent inutile de justifier un programme d'alimentation en eau potable en disant que les points d'eau favoriseront simultanément le développement de l'élevage et celui de l'agriculture.

Il est généralement beaucoup plus sain de planifier séparément les programmes d'alimentation en eau potable, d'hydraulique pastorale et d’hydraulique agricole. Sur le terrain, cela n’empêchera pas de faire appel aux mêmes opérateurs spécialisés (puisatiers, plombiers, maçons,...) pour réaliser tous les ouvrages.

 

 

Utilisation de l’eau

Qualité recherchée

Quantité recherchée

Boisson et cuisine

Pas de bactéries

5 à 10 litres/jour/habitant

Hygiène et lessive

Importance limitée

10 à 15 litres/jour/habitant

Maraîchage

Pas trop de sels dissous

10 m3/jour pour 0,1 ha

Grande irrigation

Peu de sels dissous

40 m3/jour pour 0,5 ha

Elevage

Sans importance

4 à 6 litres/jour/mouton ou chèvre

20 à 30 litres/jour/vache

 

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Comment les besoins en eau sont-ils couverts actuellement ?

 

Partout où il y a des hommes, il y a de l'eau. Tout village, tout quartier, possède déjà son propre système d'approvisionnement en eau, probablement perfectible, mais validé par plusieurs décennies de fonctionnement. Avant de bouleverser ce système et d'en installer un autre (dont il n'est pas certain qu'il sera aussi durable), il est important d'analyser soigneusement ce qui existe déjà, et pour quelles activités l’eau est actuellement utilisée (eau de boisson, hygiène corporelle, maraîchage, abreuvement du bétail,...).

C'est seulement sur la base de l'analyse du système d'approvisionnement en eau actuel qu'un système amélioré peut être proposé. Les promoteurs du projet devront donc toujours essayer d’apporter des précisions sur les points suivants :

  • comment l'approvisionnement en eau est-il organisé actuellement ?
  • quels sont les points forts des systèmes existants sur lesquels on pourrait s'appuyer pour élargir l'offre de service (en créant de nouveaux points d'eau) tout en limitant les investissements et les charges récurrentes ?
  • quels sont les limites des systèmes existants ? Existe-t-il une catégorie sociale exclue de certains systèmes d'approvisionnement en eau ? Pour quelle raison ? Existe-t-il une période de l'année où certains points d'eau tarissent complètement ?
  • quelles actions permettraient de remédier à peu de frais à ces points faibles, avant de lancer l'idée de nouveaux ouvrages ?
  • comment intégrer l'ensemble des points d'eau (anciens et nouveaux) dans un service de l'eau cohérent qui couvrirait toute la diversité de la demande ?
  • quel est le coût de l’eau qui est actuellement à la charge des usagers ? Ceux-ci sont-ils prêts à le voir augmenter ?

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Comment le projet s'articule-t-il avec la politique nationale d'approvisionnement en eau ?

 

Un nouveau point d’eau n’est jamais détaché du contexte national, même s’il est construit dans un petit village isolé. Après les efforts importants consentis par les jeunes Etats africains pour mettre en place des politiques cohérentes d’hydraulique rurale, il importe donc que tout nouvel aménagement s’insère dans cette politique nationale et contribue à la renforcer, plutôt que créer des déséquilibres difficiles à justifier. De plus, il existe une réglementation des points d’eau, visant à éviter de surexploiter les nappes, et il convient de la respecter.

Les promoteurs d’un projet auront donc intérêt à prendre connaissance de la politique nationale en matière d’hydraulique villageoise (nombre de points d’eau par milliers d’habitants, taux de participation financière des usagers, matériel de pompage homologué, responsabilité des communes,...). Il leur faudra aussi s’informer au sujet des projets en cours ou prévisibles qui pourraient concerner la même région. Une attention particulière sera portée à l’étude des standards d'équipements nationaux ou régionaux, particulièrement en matière de pompes manuelles et de pompes solaires. En effet, le respect de ces standards constitue l’une des conditions nécessaires à la mise en place d’un système de maintenance performant.

 

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Que coûtera réellement le futur service de l’eau ?

 

Les coûts d’investissement varient évidement très fortement selon le type d’équipement qui sera retenu. Alors qu’un puits moderne ne coûte que quelques dizaines de milliers de FF, un réseau de distribution avec branchements à domicile en coûtera plusieurs millions. Il est vrai que le premier ne pourra alimenter que quelques centaines d’usagers, alors que le second en alimentera quelques milliers.

Il est donc toujours intéressant de calculer le montant des futurs investissements rapporté au nombre des futurs utilisateurs. A titre indicatif, une campagne d’hydraulique villageoise classique (forage + pompe manuelle) engage des investissements de l’ordre de 300 à 400 FF par usager, alors qu’un système de distribution d’eau urbain exigera des investissements de 1 000 à 2 000 FF par usager.

L’aspect " investissement initial " des projets est généralement assez bien pris en compte par les concepteurs de projets. Par contre, l’évaluation des charges récurrentes, c’est-à-dire des frais qu’il faudra couvrir chaque année pour maintenir le système en fonctionnement, est parfois négligée. C’est dommage, car un bon financement de ces charges récurrentes est la condition sine qua non de la pérennité des ouvrages.

En matière de charges récurrentes, il y a une très grande marge entre le puits moderne (dont le curage ne coûte que quelques dizaines de FF par an), le forage équipé d’une pompe manuelle (dont la maintenance coûtera quelques centaines de FF par an) et le réseau alimenté par un groupe électrogène, qui entraînera plusieurs dizaines de milliers de FF de charges chaque année.

 

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