Cette fiche a été rédigée par l’équipe technique du CREPA

Sélection des technologies d'assainissement

La décision la plus importante, lors de la planification d'un programme d'assainissement, est évidemment le choix de la technologie ou des technologies d'assainissement à utiliser. L'adoption d'un système inapproprié risque d'entraîner un gaspillage de ressources et l'échec d'un programme d'assainissement peut avoir pour conséquence plus grave de dégrader encore davantage les conditions d'hygiène et de santé dans une communauté.

Enquêtes de présélection

Pour pouvoir choisir la technologie d'assainissement la plus appropriée. il convient, avant de prendre une décision, d'étudier soigneusement et de comprendre les conditions existant au sein de la communauté. Une enquête devrait couvrir au moins les aspects suivants.

Sol. La nature du sol et sa perméabilité devraient être étudiées pour l'ensemble de la région du projet. La profondeur de toute couche rocheuse ou autre susceptible de limiter la profondeur de l'excavation devra être indiquée sur des canes.

Nappe phréatique. Le niveau de la nappe phréatique devrait figurer sur les canes, avec indication des variations saisonnières.

Climat. Des données sur la pluviosité et les températures seront très utiles, aussi devrait-on consulter les relevés existants.

Densité démographique. La population de la région du projet devrait être estimée autant que possible sur la base des données de recensements ou, à défaut, à partir d'enquêtes socio-économiques. Il est très important de pouvoir prévoir l'évolution future de la population.

Structure des ménages. La taille et la composition des ménages devraient être également pris en compte.

Revenus. Il conviendrait d'étudier les revenus familiaux et d'établir des projections sur leur évolution future.

Croyances et attitudes. Les croyances et attitudes locales affectant l'assainissement devraient être soigneusement observées, de même certaines habitudes spécifiques, telles que les pratiques de nettoyage anal et les matériaux utilisés. Il conviendrait d'interroger les habitants sur ce qu'ils pensent être leurs vrais problèmes et comment on devrait les résoudre.

Santé. Une enquête sur l'état de santé des habitants devrait permettre d'identifier les problèmes particuliers de la région en rapport avec l'approvisionnement en eau et l'assainissement.

Habitat. L'enquête devrait renseigner sur le type d'habitation, le nombre de personnes par pièce et, ce qui est très important, le régime foncier et la sécurité d'occupation des terres.

Taille des parcelles ou lotissements. La taille de la parcelle déterminera dans une large mesure les types d'installations d'assainissement réalisables.

Systèmes d 'assainissement et de drainage existants. Les installations existantes d'évacuation des excréta et des eaux ménagères devraient être examinées soigneusement afin de noter leurs points faibles et leurs points forts.

Assainissement dans les zones avoisinantes. Les installations d'assainissement existant dans les zones avoisinantes, telles que systèmes d'égout ou services de vidange de fosses d'aisances, pourront aider à juger de la faisabilité de certains systèmes d'assainissement dans la région du projet.

Approvisionnement en eau. Quel est le niveau actuel des services d'approvisionnement en eau dans la région concernée, quel est leur degré de fiabilité et y a-t-il des plans en vue d'améliorations futures? Quels seront les coûts marginaux de ces améliorations?

Cadre institutionnel. Quelles sont les institutions nationales, municipales ou locales responsables de l'assainissement, de l'approvisionnement en eau, du drainage, de l'évacuation des déchets, du nettoyage des rues, de la santé, de l'éducation, de l'habitat, etc. et quel est leur degré d'efficacité?

Organisations locales. Y a-t-il des organisations au sein de la communauté qui pourraient prendre en main les campagnes de motivation, d'éducation et de formation des usagers?

Il y a beaucoup d'autres facteurs-surtout sociaux et économiques-qu'il convient d'étudier.

Par contre, les facteurs techniques sont les plus faciles à quantifier. Les algorithmes présentés ci-après ont été préparés pour guider les concepteurs dans le choix de la technologie.

Algorithme pour la sélection de la technologie

L'algorithme se compose d'une série de questions simples, auxquelles on peut répondre par "oui" ou "non ", disposées en un réseau ou graphe. Le cheminement de l'utilisateur à travers l'algorithme dépend des réponses données aux questions et aboutit à une seule technologie d'assainissement.

Si l'algorithme contenait des questions concernant chaque aspect caractérisant la communauté ou la région considérée, il serait extrêmement long et son emploi très compliqué. C'est pourquoi, les algorithmes que nous utiliserons seront quelque peu simplifiés et ne contiendront que les questions les plus importantes.

Par conséquent. la technologie choisie à l'aide de l'algorithme sera la plus appropriée sur les plans techniques et économiques, mais il se peut qu'elle ne soit pas la solution qui convienne le mieux parce que certains facteurs peuvent avoir été omis dans l'algorithme. Le système d'assainissement indiqué par l'algorithme devra être soigneusement vérifié avant toute décision définitive.

Le niveau de service du système d'approvisionnement en eau dans une communauté est l'une des contraintes les plus importantes affectant la faisabilité des technologies d'assainissement. C'est pourquoi, notre algorithme de sélection technologique peut être divisé en trois sections, l'une pour les communautés où l'eau est transportée à la main (figure 1), la seconde pour les zones disposant de points d'eaux collectifs dans les cours (figure 2) et la troisième pour les zones desservies par des branchements individuels dans les maisons (figure 3).

Transport manuel de l 'eau

Là où l'approvisionnement en eau se fait par transport manuel, la technologie d'assainissement choisie devrait fonctionner autant que possible sans eau, bien que de petites quantités seront nécessaires pour le nettoyage des installations. La première question de l'algorithme (Figure l) concerne la source d'approvisionnement en eau et, ce qui est très important, les préférences des gens. "Le système actuel d'approvisionnement en eau permet-il l'utilisation de toilettes à chasse manuelle ou de WC à faible volume d'eau?" Si l'approvisionnement est assuré en quantité suffisante pendant toute l'année, il est alors techniquement possible d'utiliser des toilettes à chasse manuelle ou des WC à faible volume d'eau. Cependant, les gens ne voudront pas toujours porter le surplus d'eau nécessaire pour les toilettes, aussi les toilettes à chasse ne conviendront probablement qu'aux régions où l'eau est traditionnellement utilisée pour le lavage anal.

La plupart du temps, l'approvisionnement en eau ne sera pas adéquat, aussi nous prendrons la flèche "non" qui conduit à la question: "Y a-t-il une couche rocheuse proche de la surface du sol?" Pour les latrines à fosse unique, la fosse devrait avoir 3 m de profondeur ou plus, mais souvent il n'est pas possible de creuser aussi profondément à cause de la présence d'une couche de roche dure à faible profondeur. Si la fosse ne peut pas être creusée à plus de 1,5 m de profondeur environ, il est possible d'augmenter son volume et donc sa durée de vie utile en relevant les murs de la fosse au-dessus du sol. De cette manière, il est facile d'ajouter 0,5 m à la profondeur de la fosse.

Un autre problème est l'eau souterraine. Si l'on répond positivement à la question "La nappe phréatique est-elle proche de la surface du sol?", on peut envisager la construction de fosses surélevées comme dans le cas précédent. La fosse peut également se prolonger en-dessous de la surface de la nappe souterraine, mais il faudrait qu'il y ait un espace d'au moins 0,5 m entre la surface de la nappe d'eau et la face inférieure de la dalle de couverture de la fosse.

 

Figure 1

Algorithme pour le transport manuel de l'eau

 

La question: "Peut-on construire des fosses surélevées" cherche a savoir si la construction d'une fosse au-dessus de la surface du sol pourrait constituer un problème. Les murs de la fosse devant être entourés d'une butte de terre. L'espace disponible peut être insuffisant ou la construction s'avérer très incommode.

Si nous supposons que des fosses surélevées peuvent être construites. nous passons à la question: "Y a-t-il assez de place pour deux cabinets séparés?" Ici, nous devons nous rappeler que les fosses surélevées occupent plus de place et qu'il faut donc des terrains plus grands pour recevoir des cabinets VIP à fosse unique.

Admettons que la place suffise, nous arrivons à la question: "Les cabinets VIP sont-ils envisageables?" Les gens peuvent être très pauvres, de sorte que chaque famille ne soit pas en mesure de se payer un cabinet particulier. Des prêts peuvent être accordés soit sans intérêts, soit à des taux avantageux, ou des subventions peuvent être accordées sous forme de matériaux. Ceci réduit la charge financière à supporter par les usagers, mais les coûts afférents à l'économie locale et nationale devraient être pris en compte également.

Si les cabinets VIP sont d'un coût abordable, nous aurons identifié provisoirement le cabinet VIP avec fosse surélevée comme la technologie d'assainissement applicable. Leurs fosses ne pouvant pas recevoir tous les effluents, des installations spéciales devront généralement être prévues pour l'évacuation des eaux ménagères.

S'il n'est pas possible de construire des cabinets VIP à fosse unique, soit à cause de la présence d'une couche rocheuse ou d'une nappe d'eau à faible profondeur, soit à cause du manque de place, nous renverrons à la question: "Y a-t-il assez de place pour des cabinets VIP à double fosse alternante?" Les cabinets VIP à double fosse ne nécessitent pas beaucoup d'espace et peuvent, par conséquent, être construits dans des zones à forte densité de peuplement. Les fosses doubles sont beaucoup moins profondes que les fosses uniques, et la présence d'une couche rocheuse ou d'une nappe phréatique élevée dans le sous-sol ne risque pas de constituer un sérieux problème.

S'il n'y a pas assez de place pour des cabinets VIP à double fosse, il faut se demander: "Les cabinets à fosse d'accumulation sont-ils envisageables?" Ces cabinets sont assez chers à construire et occasionnent des frais de fonctionnement élevés. C'est pourquoi, ils peuvent ne pas être avantageux. Un autre inconvénient majeur est la difficulté d'organiser le service de vidange. Et à la question: "La gestion d'un service de vidange peut-elle être assurée?", il faut souvent répondre par "non", de sorte que la seule alternative est d'aménager des installations communautaires.

L'assainissement communautaire présente beaucoup d'inconvénients, et l'idéal serait de procurer si possible à chaque ménage son propre cabinet. Les installations communautaires ne devraient constituer une solution permanente ou à long terme que la où existent des structures sociales capables d'organiser le nettoyage et l'entretien des toilettes.

Adduction d 'eau dans les cours

Au niveau d'un système d'adduction avec des points d'eau dans les cours, il est possible de choisir une technologie d'assainissement fonctionnant avec de petites quantités d'eau, telle que les toilettes à chasse manuelle ou les WC à faible volume d'eau reliés à des puisards.

Dans ce cas, la première question de l'algorithme (voir Figure 2) "Les matériaux utilisés pour le nettoyage anal sont-ils compatibles avec des toilettes à effet d'eau?" est fondamentale pour décider de l'applicabilité de cette technologie. Si des épis de maïs, des boules de glaise ou d'autres matériaux solides sont traditionnellement utilisés, il sera préférable d'installer des cabinets VIP plutôt que d'essayer de changer les habitudes des gens pour les adapter à la technologie d'assainissement choisie.

 

Figure 2

Algorithme pour les adductions d'eau dans les cours

 

Admettons que de l'eau soit utilisée pour le lavage anal. Nous pouvons alors passer à la question: "Le sol est-il assez perméable pour assurer un bon fonctionnement des puisards?" Ceci est très important, et comme la quantité d'eau utilisée par les toilettes à chasse manuelle est assez faible (généralement 6 à 10 litres par personne et par jour), il est probable que la plupart des sols conviendront, sauf les plus imperméables.

Si le sol est extrêmement imperméable, il faut alors se demander: "Des égouts de petit diamètre sont-ils envisageables?" Ce choix dépendra de beaucoup de facteurs, et ne pourra être opéré avant d'avoir procédé à un examen détaillé du coût d'un système d'égouts de petit diamètre. Il se peut que l'on puisse raccorder ces égouts à un réseau déjà existant ou prévu, desservant une zone voisine, ce qui en réduirait les coûts à tel point que cette technique pourrait se révéler économique pour une zone à faibles revenus où normalement on l'aurait considérée hors de portée des usagers. Si l'on peut se permettre d 'installer des égouts de petit diamètre, c'est la technologie d'assainissement à laquelle il faudrait accorder la préférence, car elle permet d'évacuer et les eaux ménagères et les eaux vannes.

Admettons que le sol soit suffisamment perméable pour permettre un fonctionnement correct des puisards, nous pouvons passer à deux questions: "Y a-t-il une couche rocheuse proche de la surface du sol?" et "La nappe phréatique est-elle proche de la surface du sol?". Ce sont les mêmes questions qui ont déjà été posées en rapport avec les cabinets VIP, mais les réponses ne seront pas obligatoirement les mêmes.

Les puisards ont d'habitude une profondeur de 1,2 à 1,5 m et peuvent être implantés dans des zones où il ne serait pas possible de construire les fosses profondes exigées par les cabinets VIP à fosse unique à cause de la présence d'une couche rocheuse ou d'une nappe d'eau souterraine à faible profondeur. Si nous supposons qu'il y a une couche rocheuse dure à moins de 1 m de profondeur, il faut alors s'interroger: "Peut-on construire des puisards surélevés?" Ceux-ci sont analogues aux fosses surélevées des cabinets VIP, mais deux puisards peuvent être construits très proches l'un de l'autre et être entourés d'une même butte de terre. L'espace peut évidemment constituer un problème, étant donné que la toilette doit être rehaussée elle aussi, pour que l'extrémité du tuyau arrive au sommet de la fosse.

Si, dans notre exemple, nous supposons que des puisards surélevés peuvent être construits, nous revenons à la question: "Des toilettes à chasse manuelle ou des WC à faible volume d'eau sont-ils envisageables?" Cette question s'applique non seulement aux coûts financiers, c'est-à-dire aux charges que le ménage aura à supporter pour la toilette après avoir reçu, le cas échéant, une assistance financière mais aussi d'une façon plus générale au coût économique de la toilette. Le coût financier doit inclure le montant que le ménage aura à payer pour l'eau de chasse et pour la vidange de la fosse. Le coût économique doit inclure tous les frais, y compris la gestion du projet d'assainissement et les frais d'octroi et d'administration des subventions, prêts ou autre assistance financière et les frais de fonctionnement du service de vidange.

Si les toilettes à chasse manuelle sont trop chères, des cabinets VIP peuvent s'avérer meilleur marché et plus à la portée des ménages.

L'algorithme ne contient pas de questions sur la place requise pour les toilettes à chasse manuelle ou les WC à faible volume d'eau. C'est parce que les puisards sont assez petits et peuvent être construits à une certaine distance des toilettes, celles-ci pouvant même être situées dans les étages supérieurs d'immeubles peu élevés. Les fosses peuvent être construites sous des sentiers ou des routes secondaires, hors de la parcelle de la maison, s'il n'y a pas suffisamment de place. Aussi, le manque d'espace ne risque pas de faire obstacle à la construction de ce type de toilette.

Nous avons donc choisi provisoirement comme technologie d'assainissement les toilettes à chasse manuelle reliées à des puisards en partie surélevés. Ces toilettes pourront être facilement améliorées ultérieurement en étant équipées de réservoirs de chasse à faible volume d'eau et raccordées à des égouts de petit diamètre, lorsque le niveau de service d'adduction et les conditions économiques auront évolué.

Il faudra généralement prévoir des installations d'évacuation des eaux ménagères en plus des toilettes. Bien que les eaux usées ménagères puissent être utilisées dans les toilettes, 6 à 10 litres d'eau par personne et par jour suffisent, la consommation d'eau peut atteindre 100 litres par personne et par jour. Si la toilette est utilisée pour l'évacuation des eaux ménagères, les puisards risquent de déborder.

Adduction d'eau dans les maisons

L'algorithme (voir Figure 3) applicable aux systèmes d'adduction d'eau avec branchements individuels est très utile lorsque l'on recherche le type de technologie d'assainissement convenant le mieux à des zones non encore construites ou devant bénéficier, à l'avenir, de branchements individuels. Là où les maisons disposent déjà d'eau courante, il y a généralement un système d'assainissement dont l'amélioration sera meilleur marché que l'installation d'un système entièrement nouveau.

Avec la distribution d'eau courante dans les maisons, l'un des problèmes majeurs à résoudre est l'évacuation des grandes quantités d'eaux usées produites. La première question de l'algorithme: "Le sol est-il suffisamment perméable pour recevoir des fosses septiques et des puisards?" a pour but de déterminer la faisabilité technique de l'assainissement individuel A cause des plus grandes quantités d'eaux usées à évacuer, il faut ici un sol plus perméable qu'avec les toilettes à chasse manuelle ou à faible volume d'eau reliées à des puisards.

Si le sol n'est pas suffisamment perméable pour une filière d'assainissement individuel, il faut envisager l'installation d'égouts de petit diamètre.

Pour notre exemple. nous supposons que le sol est suffisamment perméable et qu'une technologie d'assainissement individuel est possible. La réponse à la question suivante: "Y a-t-il suffisamment de place pour l'aménagement de fosses septiques et de puisards?" dépendra, dans une large mesure, du niveau de on d'eau. La fosse septique nécessaire à un ménage n'a pas besoin d'être très grande, mais pour assurer la dispersion des effluents de la fosse septique dans le sol, il faut peut-être compter sur une aire d'infiltration assez grande. Dans notre exemple, nous pouvons supposer que la consommation d'eau sera relativement élevée et qu'il faudra une aire d'infiltration supérieure à l'espace disponible sur chaque parcelle. La flèche "non" nous conduit à la question: "Peut-on réduire la consommation d'eau de manière à permettre l'évacuation sur place des eaux usées?". On peut réduire considérablement la consommation d'eau en minimisant les pertes et en installant des appareils économiseurs, tels que les WC à faible volume d'eau, des douches et des robinets à fermeture automatique. Ceci signifie également que l'on pourra alors installer, sur les parcelles des maisons, des puisards plus petits, capables de recevoir des volumes d'eaux usées raisonnables.

Si une technologie d'assainissement individuel est possible, nous devons alors examiner la question: "Les fosses septiques avec puisards sont-elles moins coûteuses qu'un système d'égouts conventionnel?" On ne peut y répondre qu'en procédant à une comparaison réaliste des coûts estimés pour les systèmes d'égout et pour les dispositifs d'assainissement individuel. Si les fosses septiques associées à des puisards étaient la solution la plus économique, c'est l'option technologique que l'on retiendrait provisoirement pour la région. Il serait alors extrêmement important d'installer des appareils économiseurs d'eau, afin de limiter la consommation et éviter le risque de surcharger le système d'assainissement.

L'algorithme se rapportant aux sites desservis par des systèmes d'adduction d'eau dans les maisons ne cherche pas à savoir si les systèmes d'assainissement considérés sont compatibles avec les moyens financiers des usagers. C'est parce qu'il n'y a pas d'autres alternatives techniques, capables de traiter les volumes d'eaux usées résultant de l'utilisation de plusieurs points d'eau courante dans une maison. Si les gens peuvent se permettre des branchements individuels, on peut raisonnablement supposer qu'ils seront désireux et capables de payer les services d'assainissement correspondants.

Figure 3

Algorithme pour les adductions d'eau par branchements particuliers

Lorsque l'on compare le coût de différents systèmes d'assainissement, il est extrêmement important de considérer le coût économique total. Le coût financier à supporter par chaque ménage dépend, dans une grande mesure, de la politique pratiquée par le gouvernement et peut être bien inférieur au coût économique total, qui est généralement fort élevé. Le système d'assainissement ou la combinaison de systèmes qui engendre le coût économique le plus faible est celui que l'on devrait choisir. Car il n'y a aucune différence dans le niveau de service qu'ils fournissent aux usagers.

Les algorithmes que nous avons examinés ne tiennent pas compte d'un facteur très important: les dispositifs d'assainissement déjà existants dans la zone en question. Il est souvent meilleur marché, plus facile et plus acceptable aux utilisateurs d'améliorer un système existant que d'entreprendre l'installation d'un système complètement nouveau. Ceci peut être la première étape d'une amélioration graduelle de l'assainissement. au fur et à mesure de la progression des revenus et de l'extension des adductions d'eau et des autres services dans la communauté.

Vérification consécutive à la sélection

On ne peut s'attendre à ce que l'algorithme sur lequel on s'appuie pour la sélection de la technologie indique dans chaque circonstance la solution la plus appropriée. Par exemple, il se peut que, dans des cas exceptionnels, une technique d'assainissement non incluse dans l'algorithme se révèle la plus appropriée ou qu'un facteur, qui n'avait pas été pris en considération, influence la faisabilité de la technologie retenue. L'intérêt des algorithmes est qu'ils incitent les planificateurs à poser des questions pertinentes et à réfléchir clairement sur le processus de sélection.

La technologie d'assainissement choisie à l'aide d'un des algorithmes est une simple orientation et aucune décision ne devrait être prise avant d'en avoir vérifié soigneusement l'applicabilité. La liste suivante résume quelques-uns des aspects à approfondir, afin de vérifier l'applicabilité d'une technologie d'assainissement.

Acceptabilité sociale. la technologie retenue est-elle compatible avec les attitudes, les habitudes et les croyances locales?

Entretien. L'entretien du système d'assainissement peut-elle être assurée par le propriétaire ou, si nécessaire, par le service public responsable de l'assainissement? Les services de soutien nécessaires, tels que éducation, formation, inspection ou vidange des fosses, peuvent-ils être fournis?

Acceptabilité politique. La technique retenue est-elle acceptable sur le plan politique? Implique-t-elle de trop fortes ou de trop faibles dépenses au profit de la population cible pour être acceptée par le gouvernement?

Financement. Si les gens ne veulent pas ou n'ont pas les moyens de supporter le total des coûts occasionnés par les services d'assainissement, de quelles sources pourrait-on obtenir une assistance financière et comment pourrait-on en assurer la gestion? Y aura-t-il des dépenses en devises étrangères, et les montants nécessaires seront-ils disponibles?

Installations d'assainissement existantes. L'amélioration d'installations d'assainissement existantes permettra-t-elle de fournir un meilleur service à moindre frais que la technologie indiquée par les algorithmes?

Séquences d 'amélioration. Comment peut-on améliorer la technologie choisie en fonction de la progression des revenus et des autres services dans la communauté?

Assainissement dans les régions avoisinantes. Y a-t-il des installations d'assainissement prévues ou déjà existantes dans le voisinage, telles que réseaux d'égouts ou stations d'épuration des effluents, susceptibles d'affecter les coûts et la faisabilité d'un projet visant à fournir un niveau de service plus élevé que celui indiqué par l'algorithme?

Evacuation des eaux ménagères. Si la filière d'assainissement choisie à l'aide de l'algorithme ne peut assurer l'évacuation des eaux ménagères. Quelles sont les installations supplémentaires qu'il faudra prévoir à cet effet?

Pollution. Y a-t-il une nappe d'eau sous-jacente, susceptible d'être polluée par le système d'assainissement choisi, et quels sont les problèmes ou risques sanitaires que cela peut entraîner?

Composantes. Quelles sont les composantes requises par la technologie choisie? Y a-t-il dans le pays les matériaux, le savoir-faire et les installations nécessaires pour une fabrication locale?

Construction. Quel est le savoir-faire disponible au sein de la communauté dans le secteur du bâtiment? Peut-on utiliser les matériaux et techniques traditionnels pour la construction des installations?

Organisation. Existe-t-il des organisations pouvant former un pôle de mobilisation de l'action communautaire et organiser la main-d'œuvre volontaire?

Les algorithmes peuvent guider utilement la sélection des technologies appropriées, lors de la planification de projets pour une grande variété de conditions.

Mais il est plus important d'étudier soigneusement les conditions locales avant de commencer le processus de sélection.

L'algorithme ne devrait être utilisé que comme guide, et il est extrêmement important de vérifier la technologie choisie avant de procéder au choix définitif du système d'assainissement à réaliser.

 

Questions

1. Expliquez en quoi consiste un algorithme et comment il est utilisé ?

2. Pourquoi est-il si important d'étudier les conditions socio-économiques et physiques d'une communauté avant de choisir une technologie d'assainissement appropriée ?

3. Pourquoi les algorithmes devraient-ils servir seulement de guides lors de la sélection des technologies d'assainissement? Pourrait-on améliorer les algorithmes utilisés ici et seraient-ils alors plus utiles?

4. Pourquoi devrait-on vérifier l'applicabilité de la technique indiquée par l'algorithme? Quels sont les facteurs que vous examineriez avant d'adopter définitivement la technologie retenue?

5. A l'aide des algorithmes proposés, identifier la technologie d'assainissement qui vous paraît la plus appropriée à la communauté décrite ci-après. C'est une zone bien délimitée, à assez forte densité d'occupation du sol, où les habitants gagnent un revenu adéquat, quoique précaire, dans les secteurs informels de l'économie. Comme système d'assainissement, les gens utilisent des tinettes, qui sont cependant malodorantes, sales et malsaines, mais le principal grief des résidents contre le présent système est son coût élevé et l'irrégularité du service de ramassage qui est effectué par des vidangeurs municipaux et par quelques entrepreneurs privés. L'eau est portée à la main et fournie par des bornes-fontaines, qui ont été installées à raison d'une borne pour dix maisons. Pendant la saison sèche, cependant, l'eau devient rare, et très souvent il faut aller la chercher plus loin ou l'acheter auprès de camions-citernes. Le sol est perméable, mais à 1,5 à 2 m de profondeur se trouve une couche de roche dure. Les parcelles des habitations sont trop petites pour recevoir deux cabinets séparés, mais il y aurait assez de place pour deux puisards et une fosse d'infiltration séparée pour les eaux ménagères. Les zones voisines à faibles revenus utilisent également des tinettes, bien qu'un réseau d'égouts conventionnels s'étende à une distance de 3 km de la région du projet.

6. Quel est à votre avis le type d'installations d'assainissement qui conviendrait à une région où l'on utilise principalement des latrines à fosse non ventilée, de construction très médiocre, et aussi quelques tinettes? La plupart des maisons ont dans leur cour un point d'eau sur lequel ils peuvent compter. Le sol est assez perméable, mais l'évacuation des eaux ménagères constitue presque partout un problème, et la plupart des rues et des allées ont des drains ouverts qui sentent très mauvais. La nappe d'eau phréatique est à 1,5 à 2 m de la surface et monte à quelques centaines de millimètres pendant la saison des pluies. L'eau souterraine est déjà fortement polluée par les latrines existantes. La plupart des gens utilisent de l'eau pour leur lavage anal, bien qu'il y ait quelques personnes à utiliser maintenant du papier hygiénique. Lorsqu'ils sont interrogés, la plupart des habitants expriment le désir d'améliorer leurs installations d'assainissement et le drainage de la zone et se déclarent prêts à payer une partie des coûts, s'ils recevaient une assistance technique et financière. Comment pourrait-on améliorer, à l'avenir, le système d'assainissement?

Références

Kalberrnatten, ~ . . D. Julius et C. Gunnerson ( 1982) . Technologies appropriées pour l'alimentation en eau et l'assainissement. Banque mondiale, 1818 H Street N.W., Washington, D.C..20433, U.S.A.