Cette fiche a été rédigée par l’équipe technique du RéFEA
OUAGADOUGOU : LA GESTION PARTAGEE DE L'EAU
Ouagadougou est une véritable ruche urbaine où le " 2 roues " règne en maître. C'est une ville où les problèmes d'approvisionnement en eau sont énormes (nous sommes au Sahel) que le développement périurbain, typique des pays du Sud, n'a fait qu'exacerber. Pour pallier ces difficultés, les Burkinabés ont imaginé des formes inédites de gestion de l'eau.
Les barrages-réservoirs, récupérant les eaux superficielles des alentours de Ouagadougou, ont vite été dépassés par l'ampleur de la croissance démographique (près de 1 million d'habitants actuellement). L'Office National de l'Eau et de l'Assainissement (ONEA) s'est donc rabattu sur des forages dans des aquifères profonds pour alimenter en eau les banlieues non raccordées au réseau.
Afin d'assurer un accès pour tous, ces points d'eau sont demeurés collectifs assurant un partage de la ressource. Mais il fallait trouver un mode de gestion approprié dans un contexte où l'eau est rare et les moyens des populations limités. Durant les années 80 , il a donc été décidé de gérer l'eau à l'échelle des quartiers et de confier la responsabilité du point d'eau à un gérant/vendeur.
Salarié ou à la commission, le gérant/vendeur devient le représentant du ou des services publics en contact direct avec les clients qui paient leur eau au volume (prix de base tournant autour de 5 Fcfa le seau de 20 litres). Directement responsable du bon fonctionnement des équipements et des pertes d'eau, le gérant/vendeur joue un rôle de premier plan dans la sensibilisation des usagers aux économies d'eau tout en assurant un service régulier et de qualité.
Qualifié de révolutionnaire par les uns et d'instrument du pouvoir par les autres, la gestion partagée de l'eau, que ce soit via les bornes-fontaines ou les postes d'eau autonomes, a permis à plus de 30 % des habitants de Ouagadougou (1994) d'atteindre un niveau acceptable en terme de consommation d'eau (~ 35-40 l/j/hab).
Ce dispositif a donc complété le système classique par branchement individuel. Mais il n'a pu combler tous les besoins en eau de la capitale du Burkina Faso puisqu'un large pourcentage de la population est alimenté par des revendeurs-livreurs.
Cette eau, livrée dans des barriques montées sur vélos, est destinée aux consommateurs éloignés des sources d'approvisionnement qui en ont les moyens. On évite ainsi la corvée d'eau et on peut alors se consacrer à d'autres activités de subsistance.
La rareté de l'eau a donc conduit les habitants de Ouagadougou à choisir des voies nouvelles dans le domaine de l'alimentation en eau. Il s'agit de voir maintenant si ces modes particuliers de gestion et de distribution de l'eau vont se perpétuer dans l'avenir. |