Cette fiche a été rédigée par l’équipe technique du RéFEA

DU TROC POUR DE L'EAU EN ARGENTINE*

 

A Buenos Aires, les villas miserias, ces quartiers spontanés en marge de la grande métropole Argentine, vivent des expériences inédites qui permettent à ces communautés démunies d'avoir aussi accès à une eau de qualité.

 

Il faut comprendre que ces banlieues résidentielles pauvres se sont développées en dehors de toute planification urbaine et ont devancé les infrastructures normalement associées au développement des villes.

 

Les conséquences de cette croissance anarchique sont dramatiques même si elles sont caractéristiques des banlieues des mégalopoles des pays du Sud : branchements clandestins au réseau de distribution d'eau, réseaux internes aux quartiers qui se développent, alimentation via des puits contaminés, assainissement déficient voire inexistant,...

 

Plusieurs actions sont menées par les organismes en charge de la distribution des eaux dans la capitale d'Argentine (Adjuticataire : Aguas Argentinas ; Opérateur : Lyonnaise des Eaux) pour assurer cette disponibilité de l'eau en quantité et en qualité.

 

Parmi ces interventions, le servicio de agua consensuado, assurant la participation des usagers à l'installation même du réseau, montre que des sociétés privées sont parfois à la pointe des modes de gestion alternatifs.

 

Techniquement, l'approche du servicio de agua consensuado est basé sur un modèle communautaire où les habitants du quartier offrent leur main d'œuvre en échange du coût du branchement. Ce troc nécessite une relation d'égal à égal entre la communauté, représentée par une association ou un leader, et l'organisme prestataire de services.

 

Les quartiers défavorisés visés par ce mode de fonctionnement doivent être de faible taille (500 à 2500 habitants) ou, s'ils sont plus populeux, être découpés en entités plus petites. Une implication de la municipalité est évidemment utile et nécessaire en termes financiers et/ou relations avec les membres de la communauté.

 

En ce qui concerne le coût de la fourniture de l'eau, on arrive dans les villas miserias à maintenir les tarifs au minimum (2$US/mois/famille en 1997 ; PNB/hab en 1998 de 8970 $US), sauf si la consommation du quartier dépasse un certain seuil ( le comptage de l'eau s'effectuant à ce niveau).

 

Le servicio de agua consensuado est considéré comme un franc succès puisqu'il est déjà implanté dans plusieurs quartiers. Mais cette réussite est aussi à mettre au compte d'une ONG qui a su défricher le terrain pendant quelques années grâce à un projet pilote dans un des quartiers des villas miserias qui a impliqué la municipalité.